L’analogie du gâteau

Je souhaite utiliser l’analogie métaphorique du « gâteau ». A Totnes, par exemple, avant l’arrivée du chemin de fer en 1850s, la ville et ses environs étaient largement self-reliant. Le lait, le fromage, la viande, les légumes et les fruits de saison, de même que l’essentiel des matériaux de construction et certains métiers étaient locaux (jusqu’à ce que la révolution industrielle, quand la production a été déplacée vers le nord de l’Angleterre). Ce qui venait par petits bateaux sur la rivière Dart pour être déchargé aux quais étaient des matériaux de construction de la Baltique, des pommes pour le cidre de Bretagne (cette région buvait et exportait une grande quantité de cidre mais ne produisait pas suffisamment de pommes et un peu de laine). Si, pour l’une ou l’autre raison, ces bateaux ne venaient plus, la région aurait su s’adapter. Elle était résiliente. Le gâteau était produit localement et le glaçage et la cerise sur le dessus étaient importés.

Maintenant c’est l’inverse. Le gâteau est importé de partout dans le monde, de là où il est le moins cher, et l’agriculture locale produit seulement le glaçage et les cerises. Nous avons évolué de la résilience vers une précarité non résiliente. En démantelant l’économie rurale complexe et diversifiée qui a soutenu les communautés pendant des siècles, un comportement qui, inconsciemment, avait été élaboré sur les principes de la résilience a au cours des 40-50 dernières années, merci aux forces cruelles de la globalisation, été démantelé et jeté dans les oubliettes de l’histoire. Comme l’a observé l’écologiste Aldo Léopold: « Qui, si ce n’est un fou, jette les objets apparemment sans utilité? Conserver chaque clou et vis est la première précaution d’une réparation intelligente.” Nous avons conservé bien peu d’objets et l’idée que nous pourrions avoir, un jour, besoin d’eux est seulement en train d’émerger.