Relocalisation et requalification

Un monde plus petit
Un monde avec moins de carburants, c’est un monde où les personnes comme les marchandises circulent moins. Le coût d’un tee-shirt fabriqué en Chine, de pommes produites au Chili, d’un voyage aux Seychelles deviendra prohibitif.

En effet, nos consommations énergétique ne se limitent pas à la voiture, au chauffage et à l’éclairage. Un yaourt fait en moyenne un “voyage” de 3000 km avant d’arriver dans nos assiettes, et consomme de ce fait beaucoup plus d’énergie qu’un yaourt produit à la laiterie locale (Laiterie du Mont-Aiguille, par exemple). On imagine bien qu’une fois les transports devenus chers, le yaourt de 3000 km deviendra un luxe.

Il faut donc que les liens économiques et sociaux se resserrent, ne serait-ce que pour trouver à distance raisonnable ce qu’on va aujourd’hui acheter jusqu’en Chine. Certains n’hésitent pas à dire que le choc pétrolier qui s’annonce sonnera le glas de la mondialisation.

Le retour du local
S’il est difficile de dire quel sera le degré d’une telle relocalisation, il paraît certain que les différentes productions et services se rapprocheront du consommateur (commerces et services de proximité, vente directe, valorisation des ressources locales ou régionales, production d’énergie moins centralisée, etc.).

Trouver des matériaux ou des fournisseurs plus près, trouver des clients plus proches, recréer des solidarités de proximité, recycler et réutiliser les matériaux plus localement, produire son énergie moins loin (les 2/3 de l’énergie électrique produite sont perdus dans les lignes ; plus elles sont longues, plus il y a de pertes).

Un autre enjeu de taille est de produire l’alimentation plus près et avec moins d’énergie.

Cela ne signifie pas que les échanges à grande échelle cesseront (il existait déjà des échanges “internationaux” à la fin de l’Age de Pierre), mais que la dimension locale retrouvera une importance significative.

Le niveau local : une nécessité en période de crise
La relocalisation ne sera pas seulement une conséquence du pic pétrolier, mais ce sera aussi une nécessité pour éviter une désorganisation trop poussée de nos économies et de nos sociétés, en leur rendant suffisamment de résilience.

En temps de crise, c’est à proximité que l’on trouve les soutiens et l’entraide nécessaires. A ce titre, les monnaies locales ou régionales ont un grand rôle à jouer.

Des métiers différents
Moins d’énergie, c’est probablement la disparition de nombreux métiers, mais aussi un besoin de main d’œuvre plus grand dans certains secteurs (agriculture, btp, etc.), le retour de certaines industries disparues (textile, sidérurgie), le développement et l’apparition de nouveaux métiers (systèmes énergétiques, systèmes de recyclage, écoconstruction etc.).

Un enjeu important de la transition à venir sera la requalification de la population active, bien qu’il soit aujourd’hui difficile d’anticiper où seront les besoins, les activités nouvelles et l’ampleur de la requalification.

Ce n’est pas un retour en arrière
La relocalisation n’est pas une invitation à un retour vers un passé idéalisé. D’abord parce que le passé n’était pas idéal, il suffit d’interroger vos grands-parents.

D’autre part, le monde a beaucoup changé depuis. De nouvelles techniques, de nouveaux matériaux, de nouvelles connaissances, de nouveaux types de relations humaines sont apparus depuis, offrant des potentialités insoupçonnées.

La transition vers un monde plus local et moins gourmand en énergie n’est pas non plus un processus de rêve : elle sera probablement difficile, longue et incertaine. D’où la nécessité de la préparer pour qu’elle se déroule le mieux possible. C’est l’objectif de cette initiative et du concept de transition.