Deux exemples du passé récent de Totnes offrent une meilleure image d’une part de la façon de fonctionner avant l’arrivée du pétrole bon marché et d’autre part des stratégies et infrastructures qui pourraient être nécessaires de prévoir pour l’après pétrole. Au centre de la ville se trouve le ‘Heath’s Nursery’ parking. Bien que pour un œil moderne il ressemble à n’importe quel autre parking, ce qu’il a remplacé est extraordinaire. Auparavant et comme deux autres parkings de la ville, c’était un marché-jardin urbain vivant et productif. C’est dans les années 1980 que les serres ont été démantelées et que le terrain a été vendu à la ville qui y a construit un parking. Imaginez la perte de ce sol magnifique répertorié de tout temps comme très productif!Cette situation n’est pas propre à Totnes; cela est aussi le cas dans de nombreuses agglomérations. Les vergers, les jardins potagers, les noyers et autres noisetiers et les élevages de poissons ont tous été démolis et remplacés par les folies de l’urbanisation qui a transformé nos villes et villages.
Remontant plus loin dans l’histoire locale (Totnes) on trouve un autre exemple de la manière de fonctionner de la société avant le pétrole, et de la manière de, peut-être, pouvoir la réorganiser après le pétrole. Le ‘business’ de la famille Blight était les chevaux, en particulier les chevaux de trait, qui fournissaient l’essentiel des équipages chevalins de la ville avant l’arrivée du moteur à combustion. De la même manière qu’il existe aujourd’hui une infrastructure globale pour assurer le bon fonctionnement du transport motorisé, avant les années 1930 une infrastructure locale existait pour assurer le bon fonctionnement d’une économie basée sur le cheval. Cette activité débutée dans les années 1870 persista jusque dans les années 1930 quand la brigade des pompiers de Totnes, un des principaux clients eurent optés pour un camion. Ce qui est intéressant dans ce dernier exemple concerne les infrastructures qui étaient nécessaires avant l’arrivée du pétrole. S’il y avait un incendie, la brigade des pompiers avaient besoin de quelque chose pour tracter leur matériel, ce besoin était urgent. Amener les chevaux des champs environnants auraient pris trop de temps. Bien que les chevaux étaient dans leurs box, ils faisaient partie intégrante de la ville et étaient disponibles rapidement.
Avec l’arrivée des tracteurs et des voitures, les infrastructures destinées aux chevaux ont disparu rapidement.
Ce que ces deux exemples démontrent c’est qu’ une économie rurale résiliente était comme un filet de ressorts qui connectait tous les éléments de la communauté comme le jeu de la ficelle (voir page 60). Bien que complexe et résiliente, cette interconnexion était très fragile. Dans les faits, il a suffi à l’âge du pétrole bon marché, d’un coup de ciseau pour couper la ficelle pour remplacer ces fonctions par des versions beaucoup plus énergivores. Il est aisé de comprendre pourquoi cela est arrivé et pourquoi les gens l’ont adopté. La majorité d’entre nous aurait fait la même chose, si nous avions vécu à cette époque. Ces changements ont permis d’économiser du temps, le travail est devenu moins pénible, de nouvelles possibilités sont apparues, et tout cela a été perçu comme capable d’offrir de meilleures conditions de vie aux générations à venir. Personne ne pouvait prévoir les conséquences qui apparaîtraient 50 ans plus tard.
Il est aisé d’oublier les circonstances qui ont pu conduire aux changements qui nous paraissent familiers. L’abandon du charbon a été causé par le fait que dans un mauvais jour la visibilité dans les villes étaient telles qu’on ne pouvait pas voir à plus d’un mètre, et que des milliers de personnes mourraient chaque année du fait de l’inhalation des fumées. Cependant, maintenant qu’il est devenu clair que le règne du pétrole bon marché est en question et que notre style de vie dépendant de ce pétrole n’est pas éternel, nous nous retrouvons en train de chercher les branches du filet que nous pouvons reconnecter. L’approche de la Transition est une des possibilités de retisser le filet et de rétablir les connexions qui seront nécessaires pour une économie résiliente post-pétrole. Chaque nouvelle relation harmonieuse que nous forgeons est un pas de retour vers plus cette société.