Il y avait, dans le passé, beaucoup de choses que nous ne souhaiterions pas revivre: la vie était souvent misérable, débilitante et courte, et, sur beaucoup d’aspects il y avait un terrible manque de liberté. Nous ne voudrions pas revivre cela – et pourtant, il y a beaucoup de choses que nous pouvons apprendre de la manière inventive et minutieuse avec laquelle cette société répondait à ses défis.
Ce ne sont pas là des idées neuves; ce sont au contraire des principes cachés qui fondent comment les choses avaient toujours été avant l’âge du pétrole. Il peut être instructif de regarder en arrière l’histoire de nos comportements pour voir comment nos ancêtres utilisaient leur inventivité et leur bon sens avant que les combustibles fossiles bon marché ne nous permettent de faire sans ces moyens. Durant les années 1950 et 1960 en Grande Bretagne il y eu un effort concerté en vue de dévaloriser le local, le petit, le simple, le rustique, le ‘ancien’. C’est une démarche qui a existé plus récemment en Irlande, et qui se développe actuellement et d’une manière agressive en Chine et en Inde.
Auto bon – charrette tirée par un cheval mauvais; travail en bureau bon – travail fermier mauvais; TV bon – récit de contes assis sur le sol mauvais. Tout en ne souhaitant pas défendre une vision romantique du passé ou dresser un tableau idyllique des économies locales, nous sommes arrivés à croire que soit la vie avant le pétrole consistait à rouler dans la boue, incest, à pousser les jeunes dans les cheminées et rien d’autres; ou que c’était un monde idyllique où chacun respectait les anciens et avait des roses au-dessus de sa porte d’entrée.
En fait il y a beaucoup que nous pouvons apprendre et récupérer dans notre histoire. Les gens étaient, en générale, bien plus futés et pratiques, les économies locales étaient plus diversifiées et plus résilientes, et les gens plus connectés à l’origine de leur énergie et de leur nourriture. Par exemple, à Totnes dans le Devon dans les années 1930, le centre de la ville disposait d’un nombre de lotissements et de jardins potagers, qui fournissaient la plupart des légumes et certains des fruits consommés dans la ville. A l’exception de la gare, toutes les activités économiques appartenaient à des personnes locales. En contraste, une étude récente de la ‘New Economic Foundation’ a démontré que sur les 103 villes et villages analysées, 42% étaient ce que les auteurs appellent des ‘Villes clones, définies comme “celles qui ont eu l’individualité des magasins de leur grand rue remplacées par une succession ‘monochrome’ de chaînes mondiales ou nationales signifiant par là que leur cœur commerçant pouvait aisément être confondu avec celui de douzaines d’autres villes à travers le pays.” Les activités économiques ancrées localement sont moribondes, et nous commençons seulement à découvrir leur importance, ainsi que la résilience que ces activités apportent aux communautés et à son économie.
Evidemment, nombre de ces activités locales étaient moribondes et inadaptées, et, à plus d’un titre, il y avait insuffisance de choix qui paraîtrait bien étrange sinon inacceptable aujourd’hui. Les vies étaient plus courtes et moins aisées comme l’écrit George Monbiot. Cependant, sans, en aucune manière, proposer que nous modelions notre future sur notre passé, je serais d’accord pour recommander que nous ne jetions pas le bébé avec l’eau du bain. Promenons nous le long des rue interminables, dans les centres commerciaux, les parkings et les espaces macadamisés de Londres, et ensuite comparons les avec cette section des Grandes espérances de Charles Dickens:
« La maison de Wemmick était un petit cottage en bois, élevé au milieu d’un terrain disposé en plates bandes ; le faîte de la maison était découpé et peint de manière à simuler une batterie munie de canons.
[…]
«C’est mon propre ouvrage, dit Wemmick ; c’est gentil, n’est−ce pas ?» J’approuvai hautement l’architecture et l’emplacement. Je crois que c’était la plus petite maison que j’eusse jamais vue ; elle avait de petites fenêtres gothiques fort drôles, dont la plus grande partie étaient fausses, et une porte gothique si petite qu’on pouvait à peine entrer.
[…]
Plus loin, par derrière, reprit Wemmick, nous avons un cochon, des volailles et des lapins. Souvent, je secoue mes pauvres petits membres et je plante des concombres, et vous verrez à souper quelle sorte de salade j’obtiens ainsi, monsieur, dit Wemmick en souriant de nouveau, mais sérieusement cette fois, et en secouant la tête. Supposer, par exemple, que la place soit assiégée, elle pourrait tenir un diable de temps avec ses provisions.»
«C’est moi qui suis mon ingénieur, mon charpentier, mon jardinier, mon plombier ; c’est moi qui fais tout, dit Wemmick en réponse à mes compliments. Eh bien, ça n’est pas mauvais ; tout cela efface les toiles d’araignées de Newgate, et ça plaît au vieux. Il vous est égal d’être présenté de suite au vieux, n’est−ce pas ? Ce serait une affaire faite.» (Source de la traduction)
Bien que le récit soit une fiction, Dickens décrit des quartiers situés à distance accessible à pied depuis le centre de Londres autour de 1870. Wemmick était à la fois un producteur et un consommateur. La plupart d’entre nous a abandonné l’activité de producteur. De nos jours nous caractériserions l’immeuble de Mr Wemmick’s ‘un immeuble à faible-impact construit avec des matériaux locaux et situé dans un quartier bio diversifié, urbain intégrant des cultures protégées, de l’aquaculture, des poulets et des porcheries. En 2008 c’est probablement un parking pour voiture.