Vous l’ignorez peut-être, mais les déchets électroniques représentent aujourd’hui l’un des plus grands défis environnementaux de notre siècle. En 2019, pas moins de 53,6 millions de tonnes de ces précieux « déchets » ont été générés dans le monde. Un chiffre qui devrait plus que doubler d’ici 2050 selon les prévisions, si rien n’est fait. La bonne nouvelle ? Il existe des solutions simples à portée de main pour recycler nos vieux appareils et réduire drastiquement notre impact.
Recycler, un enjeu vital pour la planète
On a trop longtemps considéré nos ordinateurs, smartphones et TV comme de simples produits jetables une fois leur courte vie terminée. Pourtant, se débarrasser de nos appareils high-tech n’est pas un geste anodin. En plus d’accélérer l’épuisement de ressources naturelles rares comme les métaux précieux, cela entraîne un véritable désastre écologique.
Chaque petit téléphone contient en effet des substances toxiques comme du plomb, du mercure ou des retardateurs de flammes bromés. Enfouis ou incinérés, ces composants se répandent alors dans les sols, les eaux et l’air que nous respirons, menaçant directement notre santé et celle des générations futures.
Mais il existe une alternative vertueuse : recycler nos déchets électroniques pour donner une seconde vie aux matériaux qui les composent. Un simple réflexe qui pourrait économiser près de 63 milliards de dollars par an à l’économie mondiale, selon les calculs de l’ONU ! Sans compter les gigantesques bénéfices pour l’environnement que nous vous détaillerons dans cet article.
Le recyclage électronique pour les nuls
Convaincu(e) par ces chiffres ? Voici la marche à suivre pour devenir un pro du recyclage électronique et réduire votre empreinte carbone :
Première étape, faites le tri chez vous ! Dans un bac ou une caisse spécifique, séparez systématiquement tous vos déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE) usagés qui ne vous servent plus : télévisions, ordinateurs, imprimantes, téléphones portables, consoles de jeux, électroménager…
Deuxième étape, choisissez l’une des multiples filières de collecte proches de chez vous pour vous en débarrasser dans les règles de l’art…
Où et comment se débarrasser de ses déchets électroniques ?
Tous les ans, les Français jettent en moyenne 22,5 kg de déchets électroniques par habitant. Une quantité faramineuse qui a de quoi donner le tournis. Heureusement, de multiples solutions existent pour recycler facilement ces précieux déchets :
- Les déchèteries : ces lieux incontournables de notre tri sélectif acceptent généralement les petits appareils électroménagers et électroniques. Un geste civique régulièrement encouragé par les campagnes de communication.
- Les points d’apport volontaire : vous les reconnaîtrez aux bornes et conteneurs spécifiques disposés par les éco-organismes agréés dans de nombreux commerces ou sur la voie publique.
- Les collectes en porte-à-porte : organisées une à deux fois par an par votre commune ou votre établissement public, elles vous permettent de vous débarrasser de vos gros électroménagers facilement.
- La reprise par les distributeurs : de plus en plus de magasins comme Darty, la Fnac ou Boulanger s’engagent à récupérer gratuitement vos anciens équipements lors de l’achat de produits neufs.
Quels que soient le lieu ou le mode de collecte choisi, vos déchets sont ensuite rapatriés vers un centre de tri avant de rejoindre le circuit de recyclage. Un processus réglementé que je vous dévoile en détail dans la prochaine partie !
Dans les entrailles d’une usine de recyclage
Impossible de passer sous silence les coulisses fascinantes de ces lieux dédiés à la « métamorphose » de nos déchets électroniques ! Suivez le guide…
Première étape, le tri sélectif. Dès leur arrivée dans le centre spécialisé, les appareils usagés sont séparés par famille et par matériau, manuellement ou via des trieurs optiques et infrarouges ultra-perfectionnés. Le but ? Optimiser les filières de recyclage en amont.
Vient ensuite la phase cruciale de démantèlement. À la force de leurs bras ou à l’aide de véritables foreuses industrielles, les opérateurs s’attaquent à l’éventrement minutieux des téléviseurs, des lave-linges ou des smartphones. Chaque composant est soigneusement démonté, dépollué si nécessaire puis envoyé vers la bonne filière pour subir son incroyable transformation.
Arrive alors l’étape signature : le broyage et la refonte. Les plastiques s’amoncellent dans d’immenses fours pour y être chauffés à très haute température. Les métaux font l’objet de procédés de raffinage poussés tandis que le verre est broyé pour obtenir des calcins prêts à l’emploi. Chacune de ces matières premières de récupération repart ainsi vers les usines pour être soigneusement réincorporée dans la fabrication de nouveaux objets !
Une nouvelle vie pour vos déchets high-tech
Après leur brillante renaissance, où vont donc atterrir les matériaux issus du recyclage de nos déchets électroniques ? Réponse en quelques exemples concrets :
- Les plastiques comme le polystyrène, le PVC ou les polymères se réincarnent en pièces automobiles, en nouveaux emballages ou en mobilier urbain.
- Le verre des écrans, amplement recyclé, se retrouve dans la fabrication de dalles et pavés pour nos trottoirs ou nos plafonds acoustiques.
- Quant aux métaux précieux (or, argent, cuivre…), ils réintègrent le circuit pour être réutilisés notamment dans la bijouterie, l’électronique ou les pièces de monnaie.
- Saviez-vous que votre vieux réfrigérateur pouvait ainsi servir à la conception d’un cadre de vélo ultra-léger ?
Des créations insolites rendues possibles grâce aux innombrables vertus du recyclage. Celui-ci permet en effet de fortement limiter notre dépendance aux ressources naturelles et d’économiser une énergie précieuse via la réutilisation d’éléments existants. Un véritable cercle vertueux dont les capacités pourraient encore être décuplées à l’avenir !
Se débarrasser des pièces les plus complexes
Car si le recyclage a de beaux jours devant lui, certains composants de nos appareils électroniques résistent encore à cette solution d’avenir. Je vise ici les fameuses terres rares, ces métaux au nihonium très difficile à extraire et récupérer.
Présents en faible quantité dans la nature, ces éléments chimiques jouent pourtant un rôle essentiel dans la conception de nos smartphones, batteries et autres écrans plasma. Leur recyclage constitue à ce jour un défi de taille pour les industriels qui peinent à mettre au point des procédés rentables.
Les métaux lourds toxiques comme le plomb, le mercure ou le cadmium représentent un autre casse-tête pour les usines spécialisées. Leur dangerosité pour la santé humaine impose en effet de lourdes réglementations et un traitement draconien visant à assurer la sécurité absolue des salariés.
Des contraintes qui alourdissent fortement la facture du recyclage de nos déchets électroniques. Un coup réparé en grande partie par l’apport financier des éco-organismes chargés de faire appliquer la réglementation, comme Écologic ou Ecosystem.
2030, le nouveau défi à relever
Malgré ces progrès notables, l’heure est désormais à une accélération franche du mouvement de recyclage mondial des déchets électroniques. En cause ? Des objectifs revus à la hausse pour répondre à l’urgence climatique.
Dès 2030, pas moins de 65% des équipements high-tech en fin de vie devront ainsi être collectés puis recyclés sur le Vieux Continent, selon les nouvelles directives européennes. Un sacré défi quand on sait que ce taux n’atteint que 35% aujourd’hui dans l’Hexagone !
Pour y parvenir, les professionnels du secteur vont devoir s’appuyer sur les nouvelles technologies comme l’Intelligence Artificielle. Celle-ci devrait grandement faciliter l’étape cruciale du tri sélectif, via une identification automatisée des matériaux plus rapide et plus fiable.
Les puces RFID, ces minuscules étiquettes électroniques, représentent une autre avancée de taille. Déjà testées avec succès par certains industriels, elles permettent de tracer bien plus aisément le parcours de chaque déchet et d’optimiser à grande échelle les procédés de recyclage.